Pourquoi avoir accepté d’être artiste associé de la saison culturelle 21·22 ?
The Blind J’ai accepté ce projet car cela se passe à l’université de Rennes 2. Je trouve cela important de sensibiliser les étudiant·e·s à la situation des déficient·e·s visuels et plus largement à la différence.
Plus jeune, j’aurais adoré être en lien avec un artiste / graffeur . Une carte blanche artistique ce n’est pas tous les jours que l’on te propose cela, avec peinture sur mur, installation, workshop, table ronde...
Crédit photo : Le M.U.R de Bordeaux, Samos
Est-ce une façon pour vous de développer votre vision sociale de l’art ?
Oui bien sûr, c’est un moyen de créer du sens à mon travail en lien avec les étudiant·e·s. Je vais leur apporter comme elles·eux vont me donner. C’est un échange ! Et vu l’année que les étudiant·e·s ont passé avec la crise sanitaire, créer du lien social devient nécessaire à mon sens.
Crédit photo : Mathias Bones
De nombreux rendez-vous au cours de l’année seront l’occasion pour vous d'être au contact des étudiant·e·s de l’université. Quelles formes prendront ces rencontres ?
Selon le projet il y aura de multiples formes : à la fois de l’apprentissage, la pratique du graffiti en braille, la réflexion sur le monde qui nous entoure, de l’échange de savoirs, de l’humour et bien sûr un peu de provocation pour faire réagir le public...
Jeu braille - Jeu en cours de création avec l’Edulab de Rennes 2
Qu’est-ce qu’un tag sonore ? En quoi consisteront ces ateliers ?
Le tag sonore est un boîtier électronique qui est disposé dans une zone de passage. Un son préenregistré se déclenche lorsqu’il y a un mouvement devant le capteur. Lors des ateliers, nous travaillerons sur la conception du boîtier et du système électronique grâce à l’aide importante de Tony Vanpoucke du Fablab (Edulab de Rennes 2). Et par la suite, nous enregistrons différents sons et nous nous amuserons à le positionner dans différents endroits de l’université… attention à vos oreilles !
Sérigraphie par The Blind
Une nouvelle fresque signée The Blind viendra bientôt enrichir le parcours artistique du campus Villejean. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce qui est sûr c’est qu’il y aura de la peinture et du braille, je garde la surprise !
Crédit photo : Le M.U.R de Bordeaux, Samos
Durant l’été 2021, vous créez en collaboration avec l’Edulab de l’université une tablette pour apprendre le braille, une façon ludique d’initier à cette écriture et de faciliter son apprentissage. Quel place tient le jeu dans votre pratique ?
Je suis un grand gamin, le jeu à une place importante dans mon travail ! J’aime faire interagir le public, je veux qu’il découvre et apprenne le système de l’écriture braille, tout en s’amusant comme moi quand je fais du graffiti ! Le fait de deviner ce que j’écris est aussi un jeu !
Sérigraphie par The Blind
En février, vous interviendrez aux côtés d’enseignant·e·s-chercheur·se·s dans le cadre du colloque Glocal street art. Lieux, identités, récits. La reconnaissance académique du street art, dont la pratique oscille entre légalisation et condamnation, vous pose-t-elle question ?
J'ai arrêté de me poser ces questions, je fais ce qui doit être fait au bon moment… mais cela mérite débat (rire) !
Pour en savoir plus
The Blind développe depuis plusieurs années un concept artistique novateur qu’est le graffiti pour aveugle, en investissant la ville à l’échelle des murs.
Son travail est né de l’envie de rendre visible et lisible le graffiti au plus grand nombre. Il développe alors une vision sociale de l’art, où voyant et non voyant ont mutuellement besoin l’un de l’autre, pour pouvoir accéder à l'oeuvre et la comprendre.
Son art visuel en trois dimensions prend place sur les monuments et façades d’immeuble ; lieux de passage et de grande visibilité. A travers sa pratique, il cherche à sortir le braille de son format et de sa forme classique, pour lui donner une visibilité à plus grande échelle, passant de celle du doigt à celle de la main. Ce qui prime dans son travail est donc l’interrogation, la curiosité et les questionnements que soulève la vue de ce type de lettrage.
Comprendre le message inscrit sur le mur, nécessite d’avoir une clef de lecture et implique de rechercher le moyen de le déchiffrer, en d’autres termes connaître la logique des six points. Sa technique est caractérisée par le collage de demi-sphères de plâtre sur des marques réalisées au préalable à l’aide d’un pochoir et d’une bombe de peinture, matérialisant l’alphabet braille. Son travail in situ dans la rue prend en compte deux dimensions : le lieu et le message qui se donnent mutuellement du sens.
Ainsi le message inscrit sur le mur est toujours fonction du lieu sur lequel il décide d’apposer son braille. Les messages inscrits sont toujours ironiques et provocateurs.