Service Culturel

« Humaines » : portraits sensibles de chercheuses

La photographe Olivia Gay a été accueillie en résidence à lUniversité Rennes 2 début 2022 pour aller à la rencontre denseignantes-chercheuses. Découvrez leurs portraits à partir du 12 septembre 2022 à travers lexposition « Humaines ».

Comment est né ce projet de résidence ?

Jai dabord été invitée en résidence à luniversité de Caen Normandie, pour photographier des chercheuses en sciences exactes. Lorsque nous avons travaillé avec Sarah Dessaint [chargée de projet Mission égalité et responsable du service culturel de l’Université Rennes 2] sur lexposition Envisagées en 2021, nous avons imaginé une continuité avec des chercheuses en sciences humaines et sociales. Je suis donc venue au premier trimestre 2022 réaliser cette série de portraits. Lidée était de rendre visible des femmes qui ne le sont pas et qui, pour certaines, en souffrent. Au-delà des questions d’égalité, cest un domaine difficile à mettre en lumière, il ny a pas de représentation évidente de ces métiers scientifiques qui nutilisent pas de machines par exemple.

série de photos humaines d'Olivia Gay
Légende

Le projet "Humaines" a fait l'objet d'un tirage en cartes postales. 

Comment avez-vous trouvé les participantes au projet ?

Nous avons lancé un appel à participation et six femmes y ont répondu, chacune pour des raisons différentes. Lune dentre elles, par exemple, a décidé de travailler sur la visibilité de sa profession parce quaprès les confinements, ses homologues masculins ont valorisé tout ce quils avaient mis en place pour leurs étudiant·e·s pendant cette crise ; de son côté, elle sest rendu compte quil était impossible pour elle de faire de même car, en plus de ses étudiant·e·s, elle a dû soccuper de ses enfants quelle élève seule et de ses parents vieillissants. Donc elle sest saisie de cette proposition pour en rendre compte. Toutes navaient pas forcément vécu de discriminations au sens large du terme, mais toutes se sentent solidaires de la question ; il existe aussi dans le milieu universitaire des jeux de pouvoirs, avec notamment un accès aux postes à responsabilités très masculin. Mais le plus important pour elles, cest qu’à travers leur image, elles puissent servir de role modeles pour inspirer dautres femmes à aller vers ces métiers-là. Certaines font dailleurs des interventions dans les écoles pour sensibiliser les enseignant·e·s aux stéréotypes de genre.

Racontez-nous comment la résidence sest déroulée.

La meilleure approche, cest toujours pour moi de partir du vécu des personnes, de leurs propres représentations. Donc jai rencontré ces femmes lors dentretiens dans leurs bureaux, puis nous sommes sorties sur le campus pour faire des images. Je ne voulais pas les enfermer dans un cadre précis, mais les inscrire dans un flux, une continuité. Ces six portraits sont une première démarche vers l’égalité ; les images tracent un chemin, on y voit du mouvement, du déplacement. La série fonctionne aussi comme un cercle. Ce nest en rien abouti, il sagit dun enclenchement, d’une entre-ouverture. Chacune a écrit un texte sous une forme libre, qui complète leur vision delle-même en tant que chercheuse et interroge l’image de leur métier. On peut donc aussi les regarder à travers l’écriture : lune, spécialiste des sciences de l’éducation, a écrit un texte très abstrait, presque un poème, tandis quune autre, anthropologue, a produit une sorte de compte-rendu de recherche. Le titre de lexposition, « Humaines », renvoie à la fois à leur domaine de recherche et à leur humanité très présente dans les entretiens. Le lieu dexposition, le Tambour, a également du sens : cela renvoie au cercle, et les images étant collées sur les vitres, elles sont visibles de lintérieur comme ce lextérieur.   

 

L'exposition Humaines dans le Tambour

Vous êtes vous-même doctorante : quest-ce que ce travail vous a apporté ?

Ensemble, nous avons pu construire un dialogue riche et inspirant, entre art et science, recherche et création. Jai appris beaucoup de choses. Comme en photographie, les chercheuses partent dune matière abstraite, d’une idée, sans savoir ce quelles vont trouver ; à un moment lesprit devient forme et elles doivent ensuite rendre ce résultat accessible à lautre, lui transmettre, lui faire comprendre. Ce sont des mécanismes similaires à ma pratique et chacune ma apportée des réponses par rapport à ça.

Découvrez lexposition « Humaines », dans le hall du Tambour (campus Villejean), du 12 septembre au 14 octobre 2022.
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