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Type d'événement
Exposition

[PROLONGÉ] Exposition | Ceci n'est pas un atlas

Du 20 mars au 29 septembre
Contenu sous forme de paragraphes
Carte communautaire présente dans l'ouvrage « Ceci n'est pas un atlas »
Légende

Carte communautaire réalisée en 2013 par Mohiuddin en collaboration avec Selina, Md. Mannan et Shahid Gazi. © Photos par Günter Nest. Dans l'article « Surcharge informationnelle ; Allers-retours de la carte au terrain » de Elisa T. Bertuzzo et Günter Nest.

À PARTIR DE L’OUVRAGE DE KOLLEKTIV ORANGOTANGO+
SOUS LA DIRECTION ÉDITORIALE ET TRADUCTION DE NEPTHYS ZWER
PARU AUX ÉDITIONS DU COMMUN

CECI N’EST PAS UN ATLAS

Cette exposition inédite, présentée à l’occasion de la publication en février 2023 de l’ouvrage éponyme, est prolongée sur le mois de septembre.

Les cartes ont pour fonction de spatialiser des données économiques et sociales. Les cartes « critiques », quant à elles, révèlent une réalité souvent occultée : les inégalités de conditions de vie et de droits, les compromis politico-économiques, l’accaparement des terres par l’agro–industrie, la pollution de la planète par l’industrie extractive…

Celles et ceux qui produisent les cartes sont ici les premiers·ères concerné·es par leur élaboration. Parce qu’elle est collaborative, la contre-cartographie fait tomber les barrières sociales et culturelles : activistes, chercheur·ses, artistes et citoyen·nes agissent de concert et apprennent les un·es des autres. Ensemble, ces cartographes vont mettre en lumière les dysfonctionnements sociaux et renforcer la dimension politique de l’action collective. Le livre doit servir à initier ce processus de prise de conscience et de dévoilement des structures et des mécanismes de pouvoir.

Cette exposition inédite proposée en collaboration avec les Éditions du commun, est présentée à l’occasion de la publication en février 2023 de l’ouvrage CECI N’EST PAS UN ATLAS - La cartographie comme outil de luttes, 21 exemples à travers le monde par les ed. du commun. Il s'agit du pendant du livre Cartographie radicale. Explorations de Nepthys Zwer et Philippe Rekacewicz paru fin 2021 chez Dominique Carré – La Découverte.

Finissage : jeudi 28 septembre à 18h, à La Chambre claire, en présence de Nepthys Zwer.

Contenu du texte déplié

Alors, je m'appelle Nepthys Zwer, je suis historienne, j'ai commencé à travailler sur l'isotype, qui est un système de représentation par pictogramme de données statistiques développé par Marie Reidemeister et Otto Neurath entre les deux guerres à Vienne, avec un propos, une intention politique sous-jacente, c'était représenter ce qui se passe sur le plan économique et social dans l'espace, le montrer sur des panneaux, soumettre ces panneaux au public qui viendra les discuter. Et bien sûr, comme toute activité économique ou sociale se déploie dans l'espace, ces représentations comportaient énormément de cartes, ainsi, j'en suis venue à la cartographie, j'ai intégré le groupe de recherche indépendant Vision Carto, qui publie énormément de contre-cartographie, mais aussi de cartographie sensible et tout ce qui peut de loin ou de près correspondre à une représentation graphique d'un phénomène spatial. Alors, le terme de contre-cartographie a été forgé par Nancy Peluso, c'est une façon de dire que la carte qui a toujours servi les pouvoirs en l'espace, qui est quelque chose d'institutionnel, peut aussi s'en émanciper dans ses moyens, c'est-à-dire partir d'autres intentions, traiter d'autres sujets, se financer autrement, se diffuser autrement et représenter des thématiques peu abordées, voire occultées. Je prends l'exemple d'un quartier informel. Sur les cartes officielles, ce quartier informel sera soit une forêt, comme nous l'avons sur une des cartes de Kibera ici, cette zone n'existe pas, donc il n'y a pas d'être humain, donc on n'a pas besoin d'investir dans une infrastructure correcte, ne serait-ce que le tout à l'égout. Donc, c'est soit une forêt, soit un point noir ou un point gris et la contre-cartographie va s'ingénier à montrer toute la vie qui s'y déploie et tous les besoins afférents des populations. Donc, le terme de contre-cartographie, c'est un générique, en fait, qui ressemble des choses que l'on nuance parfois, cartographie radicale, cartographie critique, qui ont une origine historique, c'est-à-dire que vous avez deux géographes aux États-Unis dans les années 70, David Harvey et William Bungie, avec Gwendolyn Warren, qui estiment faire de la géographie radicale ou critique, c'est-à-dire une géographie qui va s'émanciper du cadre officiel, du cadre universitaire et traiter d'autres sujets. Mais en fait, cette cartographie, elle a certainement toujours existé. Le besoin de représentation cartographique, il est propre à l'être humain. Nous avons des cartes dans nos têtes, nous nous déplaçons dans ces cartes schématiques que nous reproduisons inconsciemment et donc le pas, le pas qui consisterait à le transposer sur le plan d'une carte, la carte c'est un moyen de communication, il est tout petit en fait et on a toujours représenté le monde vu d'en gros, pour des besoins de déplacement, pour des besoins cadastraux, pour des besoins d'appropriation à un certain moment. Toute la colonisation a été possible parce qu'un jour sur des cartes ou après des traités de paix, on a tracé des traits qui ont délimité le territoire et déclaré des possessions et on conçoit tout l'artifice de la chose et qui faisait fi de la façon de vivre l'espace qui est la vôtre, la mienne. Si vous prenez une carte topographique, elle va dessiner la forme des continents, elle va dessiner les frontières administratives, une rivière deviendra une frontière, une rivière n'est jamais une frontière, une rivière c'est une interface où l'échange économique sera particulièrement dense. Voilà donc la contre-cartographie, cartographie radicale, cartographie critique, cartographie alternative, elle va montrer autre chose et surtout elle embarque dans la conception des non cartographes mais des personnes concernées qui ont l'expérience empirique du terrain et concernées par la problématique donc ils vont apporter une information qui n'existe nulle part sur les cartes officielles. Voilà alors ceci n'est pas un Atlas, tout petit livre qui en fait est la petite sœur, nous l'appelons la petite sœur du Tina, Tina this is not an Atlas qui a apparu en 2018 en langue anglaise chez l'éditeur Transcript en Allemagne qui lui recensait 40 expériences de contre-cartographie dans le monde, c'est un très gros ouvrage qui est ici dans la vitrine et nous avons choisi avec les éditions du commun et Benjamin Root un beaucoup plus petit format c'est à dire la moitié des contributions, 19 contributions plus de contributions de chercheuses et chercheurs français parce que c'est un quand j'assiste au lancement de this is not an Atlas à Berlin en 2018 je me dis immédiatement mais cet ouvrage doit paraître en français, Passe la crise du corona et pendant une année j'écris un autre livre qui est le livre de l'approche épistémologique de la cartographie cartographie radicale exploration donc quelque part on a brouillé les pistes les exemples sont venus avant la théorie après mais à présent on se rattrape donc avec ce livre donc lui il va recenser des exemples Donc on a des cartes qui localisent l'endroit comme dans l'autre où se trouve où ont lieu ces projets de chercheuses et chercheurs et de citoyennes et citoyens il en a sur la terre entière il était bon de le découvrir à l'occasion de ses publications et ces projets sont tous expliqués comment avons-nous procédé comment est-ce que les populations locales autochtones je pense au par exemple ont été invités à faire la carte la carte mentale de leur expérience de l'espace ces personnes savent où se trouve la végétation ce qu'on en fait comment on exploite la terre comme quelle est quelle est la faune locale ce que vous ne trouverez pas non plus sur des cartes officielles mais cette information ensuite elle va permettre d'établir des cartes très utiles pour l'aménagement du territoire donc il ne s'agit pas de cartographie qui va venir contester quelque chose c'est une cartographie presque complémentaire et nourrit nourrit d'une information essentielle celle de l'expérience vécue des gens ces cartes ensuite on va envoyer les gens sur le terrain on leur apprend à utiliser la géomatique à se servir d'un gps pour localiser l'information la géo référencé établir des cartes plus conformes peut-être aux attentes de notre de nos représentations de ce qu'est la cartographie très sérieuse très scientifique à base à base de données vérifiées etc mais ces cartes elles vont pouvoir servir devant les tribunaux à montrer que l'usage d'un espace si vous faites passer un pipeline au milieu d'un village au fin fond de du brésil le jour où il y aura une fuite c'est tout le village qui sera impacté etc etc et ça repose bien sûr sur la la preuve la preuve fournie par la carte d'un usage de l'espace que ce soit pour la récolte ou la pêche ou des pratiques culturelles aussi aux religieuses voilà donc le livre représente ce type d'exemple mais comme ça se passe sur la terre entière vous avez des problématiques très très différentes ici pour cette exposition on part de la question de la mobilité qu'est ce que cela signifie pour nous être humain d'être mobile sur terre que vous soyez migrante et que vous ressentiez le besoin de représenter votre parcours de la migration au niveau humain c'est à dire fi des flèches de contexte qui montre une invasion possible à partir de flèches acérées pointées sur l'europe mais là on a ce qu'est vraiment la migration c'est à dire quelque chose qui qui se pratique sur des années et des années parce que plus vous serez repoussés et bien plus vous devrez déployer d'efforts pour revenir et ce sera à votre avec votre sensibilité avec des contre narratifs aussi des contre narrations comment représenter la migration et là il y a un isotype un isotype qui montre que l'humanité est toujours migrante a toujours été migrante que les flux vont à droite et à gauche et par exemple nous aujourd'hui on peut se dire mais nous les occidentaux riches et munis de visa qui nous permettent d'aller sur la terre entière nous nous migrons même et certains iront et certains iront passer leur retraite dans des pays pauvres nous avons ce droit pourquoi dénions-nous le droit aux autres donc on a ce thème de la migration c'est qui peut être représenté de façon très très différente on a une oeuvre de madmeg qui reprend une immense oeuvre de l'artiste madmeg qui reprend le thème du radeau de la méduse et le transpose à la migration avec toute une narration une contextualisation idoine ensuite si vous migrez bah c'est pour vous arrêter quelque part c'est pour vivre quelque part pour vivre décemment à l'endroit que vous aurez choisi et on a par ici ici par exemple les cartes des effets de airbnb à san francisco alors il y a des cartels qui expliquent bien pourquoi on a la emp à san francisco a lancé ce projet c'est tout simplement qu'on constate donc cette cartographie elle va pouvoir de permettre de faire des recuts de coupements et de montrer des corrélations on constate que là où airbnb se déploie où il y a le plus d'offres les loyers montent et les gens quittent les centres historiques des villes où normalement le il était encore possible de se loger on constate ce phénomène sur la terre entière donc on a la problématique des spoliations de territoire du logement on a ici une une collection d'images de de matthieu noucher donc chercheurs sur la guianne qui lui a collecté toutes les façons de représenter par des cartes les enjeux qui se déroulent en guianne entre les populations et les grandes multinationales d'extraction minière donc on a des combats les gens se sont rendus compte que la la représentation graphique par la carte elle permettait elle était extrêmement puissante la carte elle est puissante par nature ce que j'explique dans le deuxième livre c'est scientifiquement elle est plus ou moins j'ai essayé d'expliquer tous les tous les moments où vous votre objectivité elle elle s'immisait dans le travail de production dans le geste cartographique et tous les paramètres qui font qu'une carte produite est diffusée médiatisée elle a été fait avec une intention avec un propos qui est toujours politique et il faut toujours garder ça à l'esprit on a des thèmes très proche très proche de la question d'habiter c'est les communs les communs c'est quoi c'est tout ce dont nous avons besoin pour vivre et que ce soit l'eau et on le sait en ce moment avec les luttes pour préserver quelque chose qui est un bien commun c'est à dire l'eau qui n'a aucune façon n'a le droit d'être privatisée et qui se trouve confronté à une répression inhumaine et incompréhensible l'eau nous appartient notre espace de vie nous appartient et ici vous avez une carte de mon collègue Philippe qui montre comment les aéroports ont été accaparés par le commerce des duty free shop vous avez le commun ça concerne aussi l'histoire qui qui construit notre paysage informationnel qui construit notre mémoire qui va contribuer à la constitution même à la construction bien sûr d'une mémoire locale et on a l'exemple de où les populations ont conçu l'histoire par la racine de leur de leur petite ville donc on a tous ces communs qu'on va dont on va déjà montrer l'existent et réclamer la réappropriation par la carte et bien sûr ça concerne énormément de problématiques en amérique du sud où les gens sont privés de leur espace de vie donc on a beaucoup de Philippine notamment au Bangladesh en Inde où les gens visibilisent leur leur quartier informel on discute beaucoup de la terminologie bien sûr parce que là on a des traductions de traductions de traductions et chaque culture a une définition précise d'un terme comme indigène autochtone bidonville slum favela quartier informel et donc les autochtones sont très présents parce que c'est aussi un endroit où a émergé le cours à la cartographie en tant que pour l'administration de la preuve d'un vécu et on a aussi et c'est une part très importante pour moi en tant que féministe radicale même si je mets des guillemets parce que ce terme signifie aujourd'hui autre chose je lui attribue un autre sens c'est la question de la représentation des femmes les femmes sont éliminées des cartes les femmes n'existent pas dans les cartes les femmes ne signent pas les cartes les femmes sont dans des collectifs puisque le propre de l'être humain c'est quand même d'être un collectif et du leur nom n'est nulle part on a quelques stars de la cartographie et de la géographie on n'a pas de femmes et en tant qu'objets de représentation les femmes n'existent pas on représentera l'espace public tel que les hommes le conçoivent et le vivent et très peu les femmes donc on a des cartes qui montrent le harcèlement sexuel de rue en égypte on a des cartes qui montrent la l'expérience de l'espace de femmes marocaines ils ont leur très petit espace à partir de tissus donc toute la question de la sémiologie adoptée est aussi très très importante on va pas forcément faire du numérique on va faire du sensible avec des outils sensibles mais on ne refusera pas le numérique donc on a par exemple la carte de watch the med et alarm phone qui sont des plateformes donc les plateformes ça permet quoi une carte numérique sur une plateforme vous allez pouvoir la renseigner à ras map les gens peuvent faire des signalements de harcèlement sexuel eux-mêmes et elles-mêmes ce qui évite d'aller avoir à déposer plainte devant un policier va libérer la parole et va surtout stigmatiser la personne qui dans l'espace public a commis un crime ou un acte délictueux voilà donc ces cartes elles peuvent être disséminées partout ce qui est merveilleux c'est de retrouver ces cartes en grand format monsieur un livre c'est pratique vous l'emmenez partout surtout celui-ci il est il comporte un fanzine le guide de la cartographie collective et critique j'espère qu'il est qu'il sera beaucoup utilisé tout est en ligne est disponible pour tout le monde parce que même si le livre n'est pas cher je pense que tout le monde doit avoir accès à la connaissance il ne doit pas y avoir de copyright et ces cartes ici en grand format elles sont bien sûr mises en valeur mais surtout elles se retrouvent à l'université dans un lieu où se construit la connaissance et il est bon d'avoir cette ses contre narration par rapport à quelque chose que vous enseignerez façon top down c'est à dire la géomatique comment faire des cartes comment comment adopter toute la sémiologie développée depuis des décennies et décennies pour qu'elle soit compréhensible partout mais on se rend compte que si on veut décolonialiser nos discours et bien nous décolonialisons aussi cette cette façon de concevoir l'espace et de le représenter or ici justement chaque carte est une contre narration ou un contre narratif un contre récit un récit barricade justement même si on peut beaucoup discuter sur ce terme de ce terme et ici nous invitons les gens à les regarder à en discuter et à faire émerger à partir d'arguments ici nous présentons des arguments à faire émerger une discussion c'est ça son objectif et donc ici elles sont on peut passer beaucoup de temps les cartels résument le propos et suggèrent des pistes de réflexion et de discussion l'idée c'est que le savoir il va être construit avec la prise en compte de toutes ces voies le savoir il est chorale en fait il y a plusieurs façons de concevoir l'espace de le dire de de le vivre bien sûr de le dire et de le partager la carte est un médium elle doit être partagée et c'est pour cela que cette exposition est destinée à quitter Reine 2 à un moment donné où j'espère que beaucoup d'étudiantes et étudiants se diront ah mais je vais faire de la cartographie de la contre cartographie moi aussi et se poseront des questions sur nos usages de l'espace c'est ça l'objectif aussi et ayant quitté Reine 2 où elle est dans un écran incroyable ici à la chambre claire et circulera dans toute la France donc il y a des demandes d'exposition à marier avec des rencontres un peu partout jusqu'à Berlin à présent donc elle va beaucoup bouger et son objectif et l'idée c'est de c'est un cadeau en fait c'est de donner de donner ce que nous nous sommes des centaines à avoir travaillé sur ces projets et de leurs conceptions à leur mise en forme et c'est de disséminer l'idée que la carte c'est un outil c'est un outil à destination de la société civile qui doit se l'approprier et


À VOIR AUSSI

À la suite de cette exposition, découvrez le projet Itinéraires sensibles : cartographies subjectives de l'Université Rennes 2 de l'Agence Sensible.

Dans ce cadre, nous lançons un appel à participation : étudiant·e, personnel ou habitant·e, si vous êtes intéressé·e pour participer à la création d’une cartographie sensible du campus Villejean, contactez :
s-culturel [at] univ-rennes2.fr (s-culturel[at]univ-rennes2[dot]fr).

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