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Mardi de l'égalité

Mardi de l'égalité | Le patriarcat des objets

Le 12 mars
Contenu sous forme de paragraphes
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Photo de Rebekka Endler dans des escaliers
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Rebekka Endler © Frederike Wetzels

RÉSERVER SA PLACE

LE PATRIARCAT DES OBJETS. CONFÉRENCE DE REBEKKA ENDLER

Dans le cadre du cycle des Mardis de l’égalité. En lien avec le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.

Dans notre monde, I’homme est la mesure de toute chose. Littéralement. Malheureusement, cela entraîne des désagréments pour au moins la moitié de l’humanité.



Qui d’un homme ou d’une femme aura le plus de chance de survivre à un accident de voiture ? Qui aura accès à des médicaments adaptés à son organisme et à sa morphologie ? Pourquoi considère-t- on certains sports comme masculins ? Pour qui une ville est-elle construite ? Pourquoi les femmes ont-elles plus souvent froid dans les bureaux ? Pourquoi les vêtements féminins sont-ils avant tout beaux et ceux des hommes pratiques ? En quoi les uniformes des policiers, des pompiers, le matériel agricole, les sièges des pilotes d’avion rendent-ils ces professions plus difficiles d’accès aux femmes ?



Rebekka Endler, dans cet essai lumineux et percutant, nous invite à repenser I’histoire de toutes ces choses qui rendent au quotidien le monde inadapté aux femmes et à toutes les personnes qui ne sont pas cis masculines. Parce que pour avancer vers l’égalité, il faut aussi savoir prendre en compte nos différences, loin des stéréotypes.

Vente de livres.

Notre librairie partenaire Comment dire sera présente lors de cet événement.
Contenu du texte déplié

Isabelle Sorante a lu votre essai : Lu et adoré, l'histoire du design patriarcal peut se résumer ainsi, l'homme est la mesure de toute chose, littéralement, ce qui entraîne des désagréments pour au moins 50% de l'humanité, écrivez-vous, des désagréments mais aussi des accidents, des handicaps, des dangers mortels, comme on le disait. Votre essai, Rebecca Handler, dresse la liste de ces embûches qui guettent les femmes dans un monde fonctionnel pour les uns, ce qui conçoit ce monde, et dysfonctionnel pour les autres, ceux et surtout celles qui doivent s'y adapter, ces corps adaptables ce sont les corps des femmes mais aussi les corps de tous ceux et toutes celles qui n'ont pas la bonne morphologie, le bon poids, la bonne couleur de peau, adaptez-vous donc aux objets inconfortables, dangereux, car les objets ne s'adapteront pas à vous, les objets ne sont plus comme dans les poèmes de Francis Ponge, la source d'une contemplation infinie, nous rappelant notre fragilité et notre finitude. Au 21e siècle, les objets sont devenus par une étrange distorsion, les inertes gardiens d'un ordre, un ordre conçu pour ceux qui dominent, produisent, extraient et entendent continuer, aussi confortablement que possible, confort et inconfort, bordures de trottoirs conçues pour les voitures mais pas pour les vieux en déambulateurs ni pour les mères, avec des poussettes, tant pis pour les vieux, tant pis pour les mères, urinoires pensées pour les hommes, les femmes n'ont qu'à se retenir, la retenue leur va si bien, confort et inconfort, aux garçons les pantalons à poche pratique, aux autres aux filles les jeans slim et les leggings aux poches impraticables ou inexistantes, aux uns l'espace public, aux autres l'assignation à résidence, voilà ce que signifient ces inconforts subtils, si tu restes chez toi, il ne t'arrivera rien, malheureusement c'est faux puisque, vous le rappelez, la majorité des agressions contre les femmes sont perpétrées au sein de leur foyer, confort et inconfort, vous êtes stressé madame, vous devriez vous faire soigner, tiens, parlons médecine, parlons masque chirurgical, voilà, je me souviens d'avoir cherché pendant le confinement un masque à ma taille, en fait j'ai le visage fin et ça baillait de tous les côtés, il y a bien des masques pour enfants mais ils sont trop petits pour moi, alors on fait quoi ? Comme d'habitude, on la ferme et on s'adapte, on s'adapte à un monde difforme jusqu'à devenir difforme soi-même, on s'habille mais on se blesse à force de s'adapter, on devient fou aussi, comme Ignace Semmelweis, ce jeune médecin de l'hôpital de Vienne dont vous rappelez la tragique histoire, je l'adore cette histoire Charlene, au 19e siècle Semmelweis comprend que ce sont les pratiques de ses collègues médecins qui provoquent la fameuse fièvre pleur pérale, la mort brutale par infection de femmes en bonne santé juste après le racouchement, alors il faut dire, il faut imaginer l'hôpital universitaire de Vienne, les médecins, ils enchaînent la dissection de cadavres le matin et la mise au monde d'enfants l'après-midi sans se laver les mains ni laver leur tablier sanglant, Semmelweis teintra de leur imposer des règles d'hygiène, il finira à l'asile, ses tabliers sanglants virils, c'était la fierté de ses confrères, il n'allait quand même pas se laisser faire et renoncer à leur fierté pour des histoires de bonnes femmes, médecine encore, les infarctus des femmes diagnostiqués trop tard car ne présentant pas les mêmes symptômes que ceux des hommes, les livres de gynécologie du 19e siècle parfois reliés en peau de femmes, souvent la peau de patiente handicapée et puis l'informatique que vous qualifiez de Goliath du patriarcat, j'adore cette expression, avec ses algorithmes et ses bulles connectives, sa façon de reproduire les discriminations, les personnes corpulentes ou noires censurées sur Instagram, l'IA qui fonctionne comme un amplificateur du bruit du monde, grondement de haters compris, des objets qui nous forment, des objets qui nous déforment et nous nous adaptons, nous nous adaptons, comme les patientes de l'hôpital de Vienne au tablier sanglant, j'ai achevé la lecture de votre livre comme un tirage de Yiking avec une pensée sombre et une pensée mutable, le trait sombre c'est le diagnostic, notre monde crée des handicaps fonctionnels, notre monde crée une impuissance à prise aux effets handicapants bien réels, les objets graves, les discriminations dans la chair et la psyché, voilà le trait sombre, le trait mutable c'est qu'avec le chaos climatique, avec l'épuisement des ressources, il va falloir apprendre à vivre avec moins d'objets que ça, il va falloir se coltiner l'inconfort, le patriarcat il va les perdre ces objets, il est déjà en train de les perdre, alors salut ceux qui sont entraînés à l'inconfort, entraînés aux manques, entraînés à se protéger seuls, à ne pas être pris en compte, ceux que les objets oublient, ceux que les objets maltraitent, ce sont elles, ce sont eux les plus adaptés à la Merci beaucoup chère Isabelle pour cette lecture et analyse de l'essai de Rebecca Endler qui s'intitule le patriarcat des objets, pourquoi le monde ne convient pas aux femmes, parruchée d'Alva, il est sorti au mois d'octobre, il est toujours disponible bien sûr, Rebecca Endler, autrice, journaliste, indépendante, allemande


À propos des Mardis de l'égalité

La Mission égalité et le service culturel de l’Université Rennes 2 organisent conjointement les Mardis de l’égalité, cycle de rencontres qui s’attache à créer des temps d’échanges et de débats sur l’égalité et la lutte contre les violences et discriminations. Ces temps de réflexion et de sensibilisation sont gratuits et ouverts au grand public.

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Logo des mardis de l'égalité