Les membres du groupe lors de leur résidence au Diapason © Guillaume Julien
Qu'est-ce qui vous a donné envie de participer au tremplin ? Aviez-vous des attentes précises par rapport au dispositif ?
Gabriel Chiapello. Ce qui nous a donné envie de participer au tremplin est l’idée de partager notre musique auprès d’un nouveau public. L’idée de pouvoir donner deux concerts sur des scènes rennaises hors de l’univers de la musique traditionnelle est une idée qui nous plaît et que nous voulons développer. Le dispositif était alors une occasion en or pour nous promouvoir et avoir une base solide à présenter à l’avenir. C’est à la fois une expérience enrichissante, mais également très motivante pour la suite, ce qui donne envie de s’engager d’autant plus dans l’accomplissement de notre projet.
Imprégné de l’histoire de l’Alsace et de la Bretagne, vous avez la volonté de rapprocher ces deux régions en proposant une esthétique nouvelle. Pouvez-vous nous parler de ce projet original ?
G. C. En fait, plusieurs facteurs m’ont donné la volonté de lancer ce projet. Ce n’est pas forcément par une revendication politique nationaliste, mais plutôt la volonté de transmettre une histoire, ainsi qu’un passé de guerre. Les conflits actuels ainsi que leurs images qui nous parviennent aujourd’hui me font évidemment penser aux multiples vestiges présents un peu partout en Alsace. Que ce soient des bunkers, des obus et des tranchées encore présents dans les Vosges, ou encore juste l’absence de centre-ville historique dans beaucoup de villes, en France comme en Allemagne, j’ai envie de faire passer un message de paix tout en évoquant la mémoire historique très sombre des deux guerres mondiales.
Le rapprochement entre la Bretagne et l’Alsace se fait alors via la musique, en reprenant des airs tantôt bretons, tantôt alsaciens. J’aime l’idée de faire miroiter le sentiment et la volonté d’indépendance qui résident dans les deux régions desquelles je me sens proche, ainsi que la volonté de perpétuer leurs langues régionales respectives.
© Guillaume Julien
Vous proposez un voyage sonore inédit entre de la musique traditionnelle populaire et une esthétique électronique. Quelles ont été les étapes pour associer ces différents styles musicaux ?
G.C. La musique traditionnelle, en France du moins, est un style extrêmement axé sur la mélodie et les différents thèmes. Cela la rend alors d’autant plus compatible avec l’esthétique électronique, puisque les codes en terme d’accompagnement ne sont pas si fixes. C’est pour cette raison que nous avons choisi d’avoir des instruments acoustiques mélodiques, l’électronique peut alors créer un environnement sonore pour englober cela et mettre en valeur les instruments. Ce sont alors des thèmes traditionnels qui sont repris et interprétés d’une nouvelle manière.
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La première chanson que vous avez composée ?
G.C. Paradoxalement, le premier morceau arrangé a été une chanson appelée « Le maître de la maison », une chanson de Lorraine. Elle parle d’une famille misérable dont tous les membres sont soumis à leurs vices respectifs. J’ai voulu donner à cette composition un aspect très glauque en créant une atmosphère presque anxiogène, représentant cette famille dans une période de difficile. Certains sons peuvent rappeler des sons de moteurs d’avions entremêlés avec d’autres sons plutôt industriels. Ensuite, les instruments vont petit à petit faire intervenir l’air initial.
Quelle est votre expérience de la scène ?
G.C. Nous avons chacun de notre côté notre expérience respective sur scène depuis plusieurs années déjà, pour la plupart dans le domaine de la musique et de la danse traditionnelle, mais c’est la première fois que nous présentons le projet Eise devant un public. Pour certain·es d’entre nous c’est une nouveauté de jouer sur scène avec des machines, donc c’est un projet nouveau sur de nombreux points.
D’où vient le nom du groupe ?
G.C. « Eise » vient de l’alsacien et signifie « fer ». En allemand, cela correspondrait à « Eisen ». Nous avons choisi ce nom pour entrer dans l’esthétique du projet, qui oscille entre quelque chose de très métallique, industriel, et quelque chose de très organique qu’est la musique traditionnelle.
© Guillaume Julien
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Avez-vous d’autres projets pour cette année ? Quelles sont les actualités du groupe ?
G.C. En dehors du deuxième concert au Parc du Thabor en mai, aucun autre concert n’est prévu pour l’instant, mais notre but est de promouvoir notre esthétique afin de pouvoir jouer en festival par exemple. Un des objectifs évidemment est de monter sur scène en Alsace, mais également lors de festivals de musique traditionnelle. Le but étant de diversifier le projet pour qu’il puisse plaire à un public varié.
Une trouvaille musicale à partager ?
G.C. Il existe un groupe de musique électro/traditionnelle auvergnat dont l’esthétique est très intéressante : Super Parquet. Il reprend des codes de la danse, mais il y ajoute un aspect très transcendant vraiment palpitant.
Que pensez-vous de la scène musicale rennaise ?
G.C. Dans ce que nous avons pu constater, la scène musicale rennaise est vraiment un environnement très agréable pour ce genre de nouveaux projets. De nombreuses esthétiques différentes sont mises en avant et cela nous donne beaucoup d’espoir pour la suite. La place qui est donnée à la musique et la culture est plutôt exceptionnelle, ce qui donne vraiment une dynamique très vivante à la ville.
En savoir plus sur le groupe Eise.